Le marché de l’énergie a été largement couvert par les médias et est devenu un sujet central de nombreuses discussions. Mais qu’est-il réellement ? Par où commencer ? Avant toute chose, il convient de comprendre ce qu'est cette vaste nébuleuse et de quoi elle se compose.
« La première chose à savoir est qu’il s’agit d’un marché boursier », explique Léo Trillet, expert en marché de l’énergie chez Broptimize. « Il se divise en deux grandes catégories : le marché spot et le marché forward. Le premier désigne le marché où l’énergie est échangée et livrée immédiatement ou dans un délai très court (souvent sous 24 heures). Il est caractérisé par une forte fluctuation des prix en fonction de l’offre et de la demande, mais aussi par une grande sensibilité à de nombreux facteurs externes. Le second concerne le marché où l’énergie est achetée et vendue pour une livraison future, à un prix fixé à l’avance. »
Ça, c’est la théorie. Mais ce marché est également influencé par de nombreux facteurs extérieurs (découvrez une analyse détaillée des élements clés qui influencent le marché). Le marché d’hier n’a donc rien à voir avec celui d’aujourd’hui, comme le souligne Léo Trillet. « Il faut nuancer le propos », précise-t-il. « En revenant 15 ans en arrière, le marché semblait relativement stable. Il y avait des variations, certes, mais bien moindres que celles que nous connaissons aujourd’hui. Lorsque je parle de nuance, c’est pour éviter de minimiser les variations passées. Les prix pouvaient varier du simple au double, ce qui était déjà problématique à l’époque, mais cela semble aujourd’hui dérisoire comparé aux pics auxquels nous devons faire face actuellement. »
L’histoire se poursuit avec l’intervention de nombreux facteurs externes qui ont bouleversé le marché. « Nous avons d’abord traversé la crise du COVID », se rappelle Léo. « Les prix ont vraiment chuté. Avant la crise, le prix tournait autour de 30-40 € du MWh, tandis qu’en période de COVID, on a pu parfois passer sous les 20 € du MWh. »
Après un confinement particulièrement éprouvant, la pire période semblait encore à venir pour les entreprises. « La crise énergétique a frappé de plein fouet, et presque simultanément, l’invasion de l’Ukraine par la Russie est survenue », retrace Léo. « On a atteint des pics de prix comme, par exemple, en août 2022, à 450 € du MWh. Depuis début 2024, les prix ont bien diminué, mais la volatilité reste importante. »
Et demain, que faire ?
Lorsqu’il s’agit de parler du futur, l’incertitude règne. « Personne ne peut prédire comment la situation va évoluer. Sinon, toute personne détenant les secrets du marché serait riche ! », plaisante Léo. « Le but est donc de prendre le taureau par les cornes. En tant qu’entreprise, il existe des leviers d’action, notamment par la réduction des consommations. Nous aimons à dire que l’énergie la moins chère est celle qui n’est pas consommée. »
La stratégie demeure donc le meilleur moyen de se protéger
contre la volatilité du marché, comme le souligne Léo Trillet. « Pour ceux
qui consomment plus de 100 MWh par an, il est possible de négocier des contrats
personnalisés et de fixer les prix trois, voire quatre ans à l’avance avec
certains fournisseurs. Ceux qui s’en sortiront le mieux seront ceux qui auront
compris qu’aujourd’hui, on met déjà en place une stratégie jusqu’en 2029. »
Un quotidien fait de risques ?
L’énergie est aujourd’hui devenue un sujet central pour de nombreuses entreprises, nécessitant une vision claire de la gestion des risques. « En tant qu’expert, j’essaie d’être le plus rationnel possible et de supprimer toute notion de jeu ou de hasard vis-à-vis du marché », confie Léo. « Une fois que les règles sont établies, il faut s’y tenir. Quand tout est bien balisé, il devient impossible de partir dans tous les sens, ce qui élimine tout le poids de la réflexion. Il ne reste plus qu’à suivre le marché et à appliquer ce qui a été défini lors de la mise en place de la stratégie. »
Lorsque le risque laisse place à la sérénité, le réalisme prend aussi le pas sur le fantasme et l’illusion. « Mon premier conseil pour chaque entrepreneur confronté à la question énergétique est d’accepter qu’il y a 99,9% de chances que le prix fixé ne soit pas le prix le plus bas historiquement. Il faut se débarrasser de cette pression, car personne n’a de boule de cristal. C’est un rêve illusoire. Il faut donc privilégier sa logique, sa stratégie, et éviter ainsi toute frustration. »
Dans ce tourbillon de fluctuations, l’énergie s’impose comme un défi permanent. Mais c’est dans la maîtrise de l’instant présent et l’élaboration d’une vision claire que chaque entreprise peut solidifier son futur. Car face à l’incertitude, c’est la stratégie, l’adaptabilité et la prévoyance qui transforment la volatilité en opportunité
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